Promenons-nous dans le Bois Lejuc en cette fin d’enquête publique !

Vendredi 22 octobre, accompagnée d’une équipe de journalistes, l’Eodra est allée faire un tour du côté du Bois Lejuc, menacé par le projet Cigéo, double poumon de la commune de Mandres-en-Barrois et de la lutte contre l’enfouissement des déchets nucléaires. Symbolique pour nous, stratégique pour l’Andra. Si le projet était déclaré d’utilité publique, c’est le défrichement de dizaines d’hectares qui se profile. Aujourd’hui, si le bois appartient à l’Andra, de nombreux recours juridiques courent toujours pour contester cette propriété. Depuis l’expulsion des opposant-es à Cigéo qui l’ont occupé pendant presque deux ans, il est devenu inaccessible, même pour les habitant-es du territoire. Des caméras sont installées et préviennent la milice privée de l’Andra à chaque mouvement (pour plus d’infos, lire cet article de Reporterre « A Bure, l’Andra se paie des gendarmes »). Gendarmes en jeep, famas sous le bras rappliquent illico presto pour contrôler la présence des audacieux-ses promeneurs et promeneuses, aventureux-ses cueilleurs et cueilleuses de champignons, et brandissent des amendes de 500 euros.

Mais jouir de la forêt n’est pas interdit pour tout le monde ! Le tout nouveau directeur de l’Andra joue la carte de la séduction en distribuant cyniquement des parties de chasse dans le Bois Lejuc aux agriculteurs et autres chasseurs du coin …

Se balader coûte cher et il est vrai que nous ne nous risquions plus à aller nous y promener ces temps-ci. Mais ce jour-là, entourés par les caméras de deux journalistes d’une chaine de TV nationale, quelques membres de l’Eodra ont décidé de braver les craintes des contrôles et d’interpellations, et de retourner dans ce bois dans lequel elle avait déclaré son siège social en soutien à l’occupation.

A l’entrée du Bois Lejuc, une affiche A4 accrochée dans un arbre aux couleurs passées et illisible (il faut lever la tête !) nous signifie qu’il est interdit d’entrer.

 

De l’autre côté du chemin, un panneau-affiche informe de l’enquête publique en cours alors même que nous ne sommes pas censé-es pouvoir franchir l’orée du bois. On se demande pour qui : les sangliers ? les oiseaux ?

Assez rapidement, une voiture apparaît en provenance de Bure et se dirige vers nous. Des gendarmes en Duster, la conduite hésitante, font un demi-tour un peu ridicule devant nous pour finalement nous frôler et emprunter la voie romaine qui longe le bois. Il n’y aura pas de contrôle… la présence des médias peut-être ?

un demi-tour hasardeux

 

 

ça s’en va, ça se cache, et ça revient !

Mais alors qu’ils font demi-tour un autre véhicule arrive en face, nous sommes pris en sandwich. Des gendarmes très sûrs d’eux en sortent et nous affirment : « Vous savez que c’est interdit d’aller dans le bois ?! ». Nous demandons un document attestant de cette interdiction, nous aimerions bien qu’ils nous expliquent ça car il ne suffit pas de l’invoquer ! « Vous devriez avoir un document à nous montrer, un arrêté interdisant l’accès au bois par exemple » dit un élu. L’un d’entre eux nous répond « oui, oui »… On se regarde. On dirait bien qu’il va nous montrer ce fameux papier… Puis il fait signe à sa bande de s’éloigner.

Mais ils ne reviennent pas. L’interview reprend alors sous le regard des huit gendarmes un chouilla médusés, ils ne l’interrompront pas.

L’un d’entre eux va et vient, téléphone collé sous l’oreille, les coups de fil aux supérieurs s’enchaînent. On entend des bribes de conversation : « ils nous demandent de justifier, je voulais m’assurer de l’argumentaire » dit l’un d’entre eux à celui qu’il appelle « mon lieutenant ». « Ok ça je le savais, mais je voulais connaître l’argumentaire exact » ajoute-t-il.

« Ils nous demandent de justifier l’interdiction mon lieutenant »

 

Nous comprenons rapidement que des gendarmes sont dépêchés sur place pour nous interdire un lieu mais sans la possibilité de nous justifier cette interdiction, sans document, ni argumentaire. Vingt minutes passent. Ils attendent, écoutent l’interview et finissent par montrer des signes d’impatience. Un des véhicules finit par s’en aller.

« Bon, qu’est-ce qu’on fait chef ?! »

 

C’est finalement nous qui nous redirigerons vers eux afin d’en savoir plus. On leur dit que nous sommes justement là pour vérifier s’il y a une interdiction réelle de rentrer dans le bois car si c’est le cas, ils doivent être en mesure de nous la signifier. Un gendarme sort du silence, fort hésitant « nous vous confirmons l’interdiction mais nous n’avons rien à vous montrer ».  Une élue raisonne alors ironiquement à voix haute « finalement, on vous fait garder un bois dans lequel on a le droit d’aller quoi ? », et un collègue à sa droite la complète sur le même ton « en gros vous interdisez aux gens de rentrer dans un bois qui est autorisé ! ».

« C’est vous qui disez (sic) que l’on garde le bois ! » répond un gendarme, déclenchant à la fois rires et soupirs. Nous lui faisons remarquer qu’il y a des caméras, que dans les minutes qui ont suivi notre arrivée au bois, deux véhicules de gendarmerie sont arrivés, que, ces derniers mois, des personnes ont été menacées d’amendes alors qu’elles ne faisaient que se promener : « Que faites-vous là si ce n’est pas garder le bois, vous venez chercher des champignons avec nous ? » *

« Et vous, vous en avez trouvé ? » dit le gendarme qui semble saisir l’opportunité de ne pas répondre à la raison de sa présence ici.

« Alors, ce bois est interdit ou il n’est pas interdit ?! à priori il n’y est pas ! » s’impatiente le porte-parole de l’Eodra. « Vous devez être en capacité de nous le dire sinon c’est un défaut d’information. Là vous nous dites que nous sommes en infraction mais vous ne nous expliquez pas pourquoi ».

« Moi je ne dis pas qu’il y a une infraction commise – à ma connaissance il y a une interdiction c’est tout ce que je peux vous dire » répond un représentant des forces de l’ordre un peu ébranlé et qui commence à s’empêtrer dans les failles de son argumentaire.

Le maire d’une commune haut-marnaise prend alors la parole en expliquant que dans sa commune, il y a une obligation d’affichage lorsque sont pris des permis de construire, des interdictions de circulation ou des travaux.

« C’est votre point de vue » répond le gendarme du bout des lèvres. Nous nous regardons. Non, ce n’est pas notre point de vue, c’est la réglementation !

Alors que suite à un haussement de sourcil perceptible du gradé, l’ensemble des gendarmes remonte en voiture, un élu conclut à voix haute : « C’est très bien, nous avons donc pu constater que nous pouvions nous promener dans ce bois. »

L’Eodra s’est donc empressée de communiquer :

 

…. Quelques jours plus tard 

Nous sommes dimanche 24 octobre, le lendemain de la mobilisation à Montiers-sur-Saulx organisée pour la fin de l’enquête publique sur la demande d’utilité publique (dont vous pouvez lire le récit ici : https://onestpasdup.noblogs.org/post/2021/10/23/cloture-de-lenquete-publique-ni-dup-ni-dac-ramene-ta-meuse-ta-haute-marne-et-tes-vosges/) Après une petite assemblée de lutte, nous décidons de profiter de la bonne nouvelle – la voie est libre dans le bois ! – pour y retourner à quelques dizaines, apprécier la parure automnale du Bois Lejuc, et permettre aux comités de soutien venus d’un peu partout de profiter jusqu’au bout de cette virée jusqu’à Bure !

Sauf que cette fois-ci, l’entrée du bois était bien gardée et les gendarmes ont brandi avec fierté l’ordonnance d’interdiction d’accès au bois. (Vous trouvez une numérisation de l’ordonnance ci-dessous ; nous en conseillons la lecture drôle et instructive).

« C’est vous qui dites qu’on garde le bois ! »

un comité d’accueil bien déterminé à faire appliquer son ordonnance sortie du chapeau !

Suite à ce blocage, la balade a été ré-orientée sur la voie romaine (le long du bois lejus) suivi de l’escorte de gendarme veillant de prêt au respect de l’itinéraire.

On vous a vu !!

Certain.es camarades ont tourné la situation au ridicule rendant le moment drôle et détendu. Notamment, avec cette scène improbable où le groupe se mit a chanter « supprimer la vidéo, supprimer la vidéo » pour forcer l’officier le plus gradé à supprimer une vidéo qu’il venait de prendre. L’officier fini par accepter mais la technologie le dépassant il échoua… Ainsi une copaine masquée proposa son aide (sympa t’as vu), l’officier consenti, et voilà la copaine qui accéda au téléphone de l’officier et supprima la vidéo d’un groupe de discussion whatsapp… groupe nommé « Cellule Bure ».ordonnance-16septembre

PRISE DE PAROLES – Clôture de l’enquête publique à Montiers-sur-Saulx

Le 15 septembre 2021 nous vous avions donné rendez-vous pour
dénoncer la mascarade qui commençait à Montiers-sur-Saulx : le
début de l’enquête sur la demande d’utilité publique de l’Andra pour
le projet Cigéo à Bure ! C’est aussi à Montiers-sur-Saulx qu’elle prend
fin aujourd’hui.
Si nous sommes présents et présentes à nouveau, ce n’est pas pour
donner une fois de plus notre avis sur le projet Cigéo. Notre avis il est
connu, nos arguments sont connus. Nous faisons de l’information en
continu et nous continuerons à en faire.
Mais aujourd’hui, la seule chose que l’on a à dire aux commissaires
enquêteurs, à l’Andra, et à l’Etat, c’est que notre territoire vaut mieux
que Cigéo et que nous ne le céderons pas à l’industrie nucléaire.
C’est pourquoi nous vous avons proposé d’amener avec vous des
symboles représentatifs de notre territoire et son patrimoine, vierges
de toute contamination ou pollution nucléaire. Nous demandons aux
commissaires enquêteurs d’enregistrer toutes ces contributions
symboliques dans leurs registres afin qu’elles soit bien consignées dans
leurs dossiers que nous ne laisserons pas notre territoire, notre
patrimoine et nos lieux de vie détruits par Cigéo : ET CE SERA NOTRE
SEULE PARTICIPATION A CETTE ENQUETE PUBLIQUE.

Depuis plusieurs semaines, nous alertons sur ce qui se joue à travers
elle. Nous avons expliqué sans relâche pourquoi elle était bidon,
pourquoi nous n’en voulions pas, parce qu’elle se situait dans la
lignée de toutes les concertations, consultations, ou débats qui ont
été organisés depuis presque trois décennies et qui n’ont jamais
permis de remettre en cause le projet.
Toute cette accumulation de procédures, cet enchevêtrement de
processus faussement participatifs, risque surtout de noyer notre
contestation en nous donnant l’impression d’agir. Nous ne pouvions
pas encourager à y participer : ce serait donner un faux espoir, celui
de faire croire que notre expression est entendue et écoutée ! CE
N’EST PAS LE CAS.

Il faut bien comprendre que cette enquête publique n’est pas une
faveur qui nous est faite : elle profite uniquement à l’Andra ! Il s’agit
d’une obligation réglementaire, elle y est contrainte ! Elle n’est pas
décisionnelle : peu importe la qualité et l’ampleur des contributions,
le résultat est connu par avance.
La filière nucléaire est dans une sérieuse impasse avec les quantités
colossales de déchets radioactifs qui s’accumulent sans solution ni
exutoire.
L’Autorité de sûreté nucléaire a récemment tiré la sonnette d’alarme :
les piscines débordent de combustibles usés, les sites de stockage
sont en voie de saturation.
Il va falloir aller plus vite et Cigéo serait la seule porte de sortie
envisagée par l’Etat malgré l’impossible démonstration de sûreté et
tant pis s’il faut passer en force.

Nous avions demandé un gel du processus d’utilité publique au
Ministère de la Transition Ecologique au regard de l’ampleur des
incertitudes et des doutes sérieux au niveau de la sûreté, de l’avenir
du territoire, des menaces environnementales et sanitaires.
Cette demande avait été balayée : il fallait absolument que l’enquête
publique puisse se tenir !
Il n’y a pas besoin de lire entre les lignes pour comprendre qu’il y a
urgence à déclarer le projet d’utilité publique, si possible avant les
élections présidentielles. Le promulguer avant la période électorale
permet de lui éviter un statu quo pendant plusieurs mois.
L’ANDRA N’A PLUS LE TEMPS.
C’est pourquoi nous essayons de lui en faire perdre : en perturbant
son processus et son calendrier, en le freinant sur le plan juridique, en
communiquant sur ses tares un maximum.
CAR NOUS NE SOMMES NI DUP NI DAC.


NI DUP, parce que nous savons ce qui se cache derrière. Dans le
jargon de l’Andra, l’utilité publique permet d’acquérir la maîtrise
foncière qui lui manque et de rendre compatibles les documents
d’urbanisme locaux avec le projet.
MAIS CONCRETEMENT l’utilité publique du projet Cigéo, ce serait :
– des expropriations de maisons comme de terrains communaux !
– des terres agricoles sacrifiées, le saccage de centaines d’hectares de
forêts !
– le déclenchement d’une série d’autorisations administratives,
d’urbanisme, pour commencer les travaux dits « connexes » à Cigéo : la
construction du méga-transformateur de RTE, l’adduction en eau du
site, la réhabilitation de 36 kilomètres de voie ferrée entre Nançois et
Gondrecourt, la réfection des routes, etc.
Tous ces travaux sont pour l’Andra des « opérations d’aménagement
préalables ». Il faut entendre par préalable « avant l’autorisation du
projet » !
Des travaux qui se chiffreraient pourtant à des millions d’euros (le
seul coût de la voie ferrée monte à 120 millions d’euros !), qui
apporteraient avec eux un cocktail de nuisances pour rendre le
territoire compatible avec le plus gros chantier industriel européen car
oui, c’est bien de cela que l’on parle.
CIGEO EST LE PLUS GROS PROJET INDUSTRIEL EUROPEEN, en termes
de toxicité, de longévité et de coût !


L’Andra répète que l’utilité publique du projet ne préjuge pas de son
autorisation. Mais que se passera-t-il une fois que tous les
raccordements, en eau, en électricité, en dessertes routières et
ferroviaires seront réalisés ? Non, décidément, nous ne sommes pas
DUP ! Cette enquête publique est là pour précipiter le décret d’utilité
publique et pour dérouler le tapis rouge à ces travaux colossaux !
Après ce décret, c’est aussi une Opération d’Intérêt National qui se
profile pour donner à Cigéo un statut particulier.
En effet, l’Etat pourrait délivrer des autorisations de construire en lieu
et place des élu-es sur 3700 hectares ! Les élus locaux perdraient
leurs compétences en matière d’urbanisme et l’Etat pourrait
s’affranchir de réglementations environnementales et de la taxe
d’aménagement.
QUI a entendu parler de cette Opération d’intérêt national, noyée in
extremis parmi les 6000 pages du dossier d’enquête publique ?
PERSONNE !
C’est une mauvaise pièce qui se joue sous nos yeux, nous assistons à
un véritable double jeu : tandis que le gouvernement nous occupe à regarder ailleurs avec ces milliers de pages, cette procédure parallèle lui permettrait justement
de se passer de nous et des collectivités pour prendre des décisions
concernant l’aménagement de NOTRE territoire !


Nous ne sommes pas DAC non plus. Nous ne voulons pas de
l’Autorisation de Création.
Au début de l’année, l’Autorité Environnementale a rendu un avis
extrêmement critique à l’encontre de Cigéo.
Malgré une grossière tentative de déminage par l’Andra et des coups
de pression à l’encontre des élu⋅es du territoire, des nombreuses
collectivités ont rendu à leurs tours des contributions laissant
percevoir leurs craintes, leurs doutes, voire leur refus.
Dans son mémoire en réponse, l’Andra, loin de rassurer, continue à
botter en touche : toutes les réponses aux questions majeures,
relatives à la sûreté de l’installation, la réversibilité, l’avenir du
territoire, les impacts sur la biodiversité, les zones humides, sur l’eau
sont reportées à PLUS TARD.
L’Andra, se cache derrière ce qu’elle appelle un « processus itératif »,
« progressif ». Elle y répondra dans des « dossiers ultérieurs »,
comprendre au stade de la demande d’autorisation de création ou
pire, lors de la phase-pilote, donc après autorisation !

Bref, elle joue des mots, fait évoluer son vocabulaire pour mieux
cacher ses faiblesses.
Peut-on se contenter au stade d’utilité publique d’un dossier aussi
incomplet, approximatif, évasif ?
S’il n’y a pas de réponse à ces enjeux, cela ne veut-il pas dire qu’il n’y
en aura jamais, qu’il ne peut pas y en avoir ?
Comment un projet aussi dangereux qu’incertain, un effrayant pari
sur l’avenir, pourrait être déclaré d’utilité publique ?

ALORS PLUTOT QU’UNE DEMANDE D’UTILITE PUBLIQUE, NE S’AGIRAIT
IL PAS D’UNE DEMANDE D’UTILITE POLITIQUE ?


DE LA MEME MANIERE QUE NOTRE COLERE N’EST PAS REVERSIBLE,
NOS INQUIETUDES NE SONT PAS REPORTABLES ET NOTRE REFUS EST
DEFINITIF.
Si l’enquête publique s’achève aujourd’hui, le processus d’utilité
publique continue. Nous réfléchissons déjà au coup d’après et ne
laisserons aucun répit à Cigéo.
NI UNE NI DEUX, NI DUP, NI DAC, ON ATTAQUE !
Il est d’ores et déjà certain que nous attaquerons le décret d’utilité
publique et celui d’opération d’intérêt national s’ils étaient signés et
nous faisons la double promesse que le gouvernement sera empêtré
dans des procédures juridiques pendant de longues années et que
cette bagarre devant les tribunaux se poursuivra sur le terrain car
nous ne laisserons pas les bulldozers détruire notre territoire.
Habitantes et habitants, élu-es, agriculteurs, paysans, vous toutes et
tous qui vivez ici ou pour qui il fait sens d’être là, ne lâchez pas, il
n’est pas trop tard, l’Andra est aux aboies même si elle ne le paraît ou
ne l’avoue pas !

Clôture de l’enquête publique Ni DUP Ni DAC Ramène ta Meuse, ta Haute-Marne et tes Vosges !

Dernier jour de permanence DUP de Cigéo. Nous sommes toustes à Montiers-sur-Saulx depuis 10h pour le final de l’enquête publique du projet de mégapoubelle nucléaire.

Les commissaires enquêteur.ices viennent de quitter la mairie, accompagné.e.s par les sempiternelles troupes de cinquante gendarmes, RG mal sapés et autres forces de l’ordre. Iels ne nous manquent pas, mais leur départ sonne le clap de fin du premier volet de nos actions et manif’ Ni DUP, Ni DAC. Car nous serons toujours là, peu importe le résultat de cette enquête dont le résultat est déjà connu d’avance. Et quand le décret de DUP sera promulgué, quand les premiers coups de pioche des aménagements préalables seront donnés, quand le processus de DAC débutera… Nous serons encore et toujours là ! Au grand dam de l’Andra qui aurait préféré mettre sous silence notre opposition et dégager les obstacles qu’on lui posent sans relâche.

200 personnes au rendez-vous. 5 tracteurs et au volant les agriculteur.ices des villages concernées, paysan.nes d’ici et des alentours, habitant.e.s et amoureux.ses de leurs terres natales et d’accueil, militant.e.s paré.e.s de couleurs bariolées, cyclistes déterminé.e.s à braver le froid du matin, associations locales, élu.e.s opposant.e.s inconditionnel.le.s à Cigéo… Fin de la mascarade démocratique et poursuite des festivités sur la musique de concerts punk sur le parvis de la mairie.

Retour sur le déroulé de cette matinée.

Le rassemblement a débuté à 10h avec un rassemblement devant la mairie et un cortège de tracteurs redécorés pour l’occasion, bétaillères, cycles et marcheur.euses déambulant vers le centre de Montiers-sur-Saulx. On peut lire sur les véhicules A bas l’Andra leur fric et les chardons, ANDRA tu hors de ma vue, drapeaux de la Confédération Paysanne…

Arrivée devant la mairie, ça s’active : on monte les barnums, on démarre le billig pour les crêpes et on sert les thés et cafés bien chauds… Sono branchée et micro allumé, on n’attend pas : on est toujours là et on le crie haut et fort « Andra et Dégage, Résistance et sabotage ». On le martèle aussi : à peine sortis des remorques, les panneaux affiches jaunes AVIS ENQUÊTE PUBLIQUE qui ont été joyeusement retirées des bords de route sont replantés sur la pelouse de la mairie avec de nouveaux messages : ENFOUISSEZ plutôt Gérard Longuet // Ni à Bure Ni Ailleurs // Drastique Urgence Partir

Et on grince des dents : Qui va à la chasse ? // TORRES la chasse est ouverte peut-on lire sur certaines pancartes. Alors que le Bois Lejuc est soi disant inaccessible aux habitant.es du coin comme aux opposant/es à Cigéo, Patrice Torres directeur de l’Andra propose des droits de chasse dans ce même bois, en mode opération séduction… Et un événement façon team building le 29 octobre entre l’Andra et les chasseurs est déjà annoncé dans le même bois. C’est ce même directeur qui s’exprimait en 2015 au média Est Eclair : « [La chasse] est un outil de relations publiques qui permet de toucher une large partie des acteurs du territoire… Mais pas dans l’objectif de les rendre redevables ou de leur bourrer le crâne. ». Pour asseoir son influence et acheter les consciences, l’Andra joue toujours la même ritournelle. On se rappelle les parties de chasse organisées par l’agence dans le domaine du Baudray qu’elle avait acheté en 2013 pour 1,6 millions d’euros d’afin d’y inviter des notables locaux, entre discussions d’affaire et fusils chargés.

Mains chargées d’artefacts et de nourriture, les habitant.e.s sont venu.e.s en nombre pour venir remettre à l’enquête publique des petits bouts de patrimoines, de vies, de morceaux de terre que l’Andra veut venir piétiner, saccager de ses pollutions radioactives et nous arracher. Tour à tour, iels viennent les déposer sous les arcades de la mairie et prennent la parole. Légumes du potager, branches du Bois Lejuc, grains de blé de l’année, confitures de fruits de Meuse, vélo d’enfant, eau des sources encore préservées, champignons à peine cueillis dans les forêts alentours…

Ceux-ci sont des symboles de nos existences, des témoins de ce que nous réussissons à créer et à jouir, des fragments de vie que nous menons avec joie et conviction, ces fragments que le nucléaire n’a pas encore réussi à nous arracher et que l’Andra menace de nous enlever avec la DUP. Les témoignages sont forts et chargés d’alerte : Cigéo aura un impact irréversible sur les propriétaires agraires, sur le bien commun de la forêt, sur la liberté de circuler, sur la qualité de nos eaux, sur les générations futures… Nous savons que nos vies ne seront plus les mêmes après l’obtention de la DUP et le démarrage des travaux de la poubelle nucléaire. Le message est clair : nous ne laisserons pas ce projet mortifère détruire ce qu’il y a de plus précieux : nos existences et le vivant.

La remise de ces morceaux de vie se clôt avec une prise de parole de plusieurs militant.e.s.

Place ensuite aux retrouvailles, aux danses, aux jeux et aux chansons. C’est le groupe punk Habits Sales (Nancy) qui ouvre les festivités, suivi par René Biname (Belgique). Le collectif alsacien des paysans en lutte contre Cigéo est présent pour nous régaler de ses produits locaux. Des wraps vegan et crêpes sucrées sont servies. Une librairie indépendante présente de superbes affiches et les stands des assos délivrent l’information. Le bal est tellement joyeux et déjanté qu’on en oublie la sortie des commissaires enquêteur.ices par la porte arrière de la mairie.

Programme des festivités pour la fin de l’enquête publique, du 20 au 23 octobre !

REJOIGNEZ NOUS, POUR UN JOUR, DEUX JOURS, TROIS JOURS… TOUTE LA VIE :)))

MERCREDI 20 OCTOBRE

Conférence-débat Cigé’Eau : « L’Eau, le cauchemar de Cigéo ? » – Salle des fêtes de Bure, à 20h.

Toutes les infos ici : https://onestpasdup.noblogs.org/post/2021/10/13/20-octobre-leau-sera-t-elle-le-cauchemar-de-cigeo/

JEUDI 21 OCTOBRE

Défendons le territoire, Halte aux expropriations !

Départ de la mairie de Cirfontaines à 8h30 – toutes les infos ici : https://bureburebure.info/appel-a-rassemblement-devant-la-mairie-de-cirfontaines-jeudi-21-octobre-2021-a-8h30/

Infos pratiques : tu peux venir en tracteur, en camion, en voiture, à vélo ou même à pied ! Un repas mobile sera prévu à midi.

Repas et concert à l’Augustine le soir.

VENDREDI 22 OCTOBRE

Appel à une déambulation électrique en journée ! Les infos pratiques vont suivre ; mais les repas du midi et du soir sont bien prévus !

Le soir à 21h à BZL, concerts d’Habits sales et de René Binamé !

SAMEDI 24 OCTOBRE

Rassemblement « Ramène ta Meuse, ta Haute-Marne et tes Vosges », Mairie de Montiers-sur-Saulx à 10h.

Infos pratiques : concert de René Binamé en parallèle et repas tiré du sac !

Toutes les infos ici : https://onestpasdup.noblogs.org/post/2021/10/13/23-octobre-10h-ramene-ta-meuse-ta-haute-marne-et-tes-vosges/

Assemblée de lutte de 14h à 17h à BZL.

Boom autogérée en soirée à BZL.

 

INFOS GENERALES :

Pour venir à Bure, tu trouves toutes les infos ici : https://bureburebure.info/venir/

Si tu veux dodo dans un lieu collectif, n’oublie pas ton duvet <3

Ni DUP, ni DAC, on ATTAQUE ! Appel à dons

Hé oui… comme la lutte contre Cigéo n’est toujours pas subventionnée par l’Etat nucléocrate (lol…), il nous faut encore vous solliciter côté porte-monnaie…

Même si nous tentons encore et encore de faire au mieux avec les moyens du bord, ça ne suffit pas face à  l’énorme monstre militaro-industriel : il y a des frais auxquels on ne coupe pas, tels que ceux pour l’attaquer en justice.

Que ce soit contre la répression ou pour mener des actions juridiques contre Cigéo, nous avons constitué un réseau d’avocat⋅es qui pratiquent des tarifs militants. C’est le cas pour les 6 avocat⋅es du Front Juridique contre Cigéo qui vont travailler collectivement contre la DUP (Déclaration d’Utilité Publique) : oui 6 ! Car il nous faut mettre le paquet sur cette étape cruciale, sachant qu’ensuite tout ce dossier juridique servira en grande partie aussi contre la DAC (demande d’autorisation de création).

Et nous venons d’apprendre que nous aurons très prochainement à attaquer un autre décret, préparé en ce moment même en catimini par les ministres : celui qui donnera à Cigéo le statut d’Opération d’Intérêt National(OIN) pour s’affranchir de certaines réglementations, notamment environnementale, mais aussi d’urbanisme.

D’ici février, nous prévoyons un budget total conséquent contre ces deux prochains décrets (DUP et OIN) comprenant les honoraires, les expertises et quelques frais annexes comme impression, déplacements.

Par quels moyens ?

De nombreuses associations, petites et grandes, se joignent à ces recours : financièrement et/ou judiciairement, chacune contribue à la hauteur de ses moyens. Notre association Cacendr* joue le rôle de porteuse financière.

Nous avons sollicité aussi quelques fondations dont nous attendons encore les réponses à ce jour : peu nombreuses à répondre à nos critères éthiques, elles sont encore moins nombreuses à oser financer la lutteanti-nucléaire, politiquement de plus en plus difficile à assumer face à la propagande pro-nucléaire déguisée en pro-climat…

Et, surtout, vous avez été nombreuses et nombreux à donner pour le procès du 123 juin : comme promis, la moitié sera consacrée aux frais juridiques contre la DUP. Encore une fois : un grand MERCI !

Mais voilà, tout ceci ne suffit pas encore : pour l’instant, il manque encore 20 000€.

Et l’Andra a mis son calendrier en mode accéléré avant les présidentielles : le décret « DUP » est annoncé en décembre, nous aurons alors deux mois pour l’attaquer. Même si notre « Front juridique contreCigéo » est déjà à   d’œuvre depuis plus d’un an, le dossier d’enquête publique fait tout de même 6000 pages… Toutes nos personnes expertes et ressources y travaillent.

Nous avons mis en place une organisation horizontale autant que possible, car dans notre lutte contre Cigéo ET son monde, nos objectifs sont aussi d’apprendre à s’organiser autrement, de nous réapproprier les questions de droit, d’expertise, de s’enrichir mutuellement de nos regards militants, et de transmettre.

À leur « démocratie » bulldozer agressive, nous opposons notre intelligence collective !

Merci du coup de pouce financier, même minime, que vous pourrez y apporter !

Et de relayer cet appel à vos contacts, svp.

 

* Cacendr fait partie de la Coordination Stop Cigéo regroupant plusieurs associations locales : https://www.stopcigeo-bure.eu/

20 octobre L’Eau sera-t-elle le cauchemar de Cigéo ?

Publié sur le site de burestop

 

COMMUNIQUE de MEUSE NATURE ENVIRONNEMENT

Le projet Cigéo d’enfouissement de déchets radioactifs à BURE va étaler ses galeries de stockage en souterrain, à la frontière des départements de la Meuse de la Haute-Marne et des Vosges. Il est actuellement soumis à une Enquête d’Utilité Publique nationale jusqu’au 23 octobre, est régulièrement présenté par l’Andra comme un projet exemplaire,ne présentant aucun danger particulier pour les populations environnantes. C’est évidemment trop beau pour être vrai, ce que n’a pas manqué de souligner l’Autorité environnementale (AE) récemment en janvier 2021.

Depuis plusieurs années aussi l’Autorité de sureté nucléaire (ASN) ou l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN) soulèvent des questions essentielles auxquelles nous n’avons toujours pas de réponse aujourd’hui. Et il faut se rappeler que d’autres expertises indépendantes (celle de l’Institut américain IEER par ex) ou les diverses expertises proposées par les associations locales et nationales vont également dans le même sens : Cigéo soulève plus de questions graves qu’il n’apporte de réponses fiables.Il est cependant un questionnement rarement évoqué et approfondi celui des multiples problèmes que l’eau pourrait engendrer dans le fonctionnement même du stockage et pour l’environnement aquatique, en raison des verses, des pompages et des rejets : Quels sont les rejets d’eau envisagés pour Cigéo, projet d’enfouissement de déchets radioactifs à proximité de l’actuel « labo » de BURE ? 250 000 m3 de bassins, des millions de m3 de déblais, de multiples points de rejets dans le réseau hydrographique de la Marne : les impacts du projet seraient dantesques. Chantiers de terrassement, devenir des cours d’eau, pollution et radioactivité, risques d’inondations, ouvrages souterrains, pompages et géologie…

A l’occasion de cette conférence-débat,
Romain Virrion, ingénieur en génie civil et hydrogéologue,
vous propose un plongeon en profondeur.

Mercredi 20 octobre 2021 à 20h – Salle des Fêtes de BURE

En cette année décisive, où l’Andra cherche à obtenir un statut d’utilité publique pour Cigéo, il est plus qu’urgent de s’interroger sur des impacts majeurs, si largement sous-estimés dans les dossiers déposés à l’enquête, et cachés aux habitant.es. Ce que de nombreuses collectivités ont aussi relevé en exprimant leurs réserves au début de l’année. Il en va de l’avenir de notre territoire et du futur : nous avons le droit de choisir.

Entrée libre / Info > Meuse Nature Environnement -contact@meusenature.fr
Tel : 09 63 43 62 32
https://meusenature.fr/sortie/confe…

23 octobre – 10h RAMÈNE TA MEUSE TA HAUTE-MARNE ET TES VOSGES !

Appel publié sur le site de burestop

POUR LE DERNIER JOUR DE L’ENQUÊTE PUBLIQUE

Cigéo est présenté par ses promoteurs comme une « chance unique » pour nos départements. La réalité est toute autre !
Si il obtient un jour le feu vert, ce chantier gigantesque annexant des milliers d’hectares autour de Bure engendreraient des dommages irréversibles. Des questions angoissantes sur les risques technologiques multiples et l’impact sanitaire du stockage de déchets nucléaires demeurent sans réponses de la part de l’Andra, à ce stade pourtant de demande de déclaration d’utilité publique.

POUR LE DERNIER JOUR DE L’ENQUÊTE PUBLIQUE,
apportez un produit symbolique, vierge de toute contamination radioactive et représentatif de notre beau territoire : eau de la rivière, air en bouteille, terre de Bure, madeleines de Commercy, dragées de Verdun, pierre de la citadelle de Montmédy, mirabelles de sous les Côtes, brie du sud-meusien, miel de Joinville, champagne, citrouille du jardin, ou tout ce que vous avez envie de faire nregistrer (hors de toute remarque écrite) et qui ne doit pas être pollué, contaminé, détruit.
Rappelons notre refus de ce destin écrit ailleurs, sans tenir compte de nos droits -fondamentaux- de choisir, de participer aux décisions et de bâtir ensemble l’avenir de notre région.

RDV à 10h, mairie de Montiers-sur-Saulx Pique-nique / repas tiré du sac

Terminus pour la DUP – Du 20 au 23 octobre à Bure

Un appel publié sur https://bureburebure.info pour les 20-23 octobre :

L’enquête publique ça dure 40 jours. C’est à la fois long et à la fois court. Nous voilà à publier un nouvel appel à mobilisation. Le premier était pour l’ouverture de l’enquête et maintenant c’est pour la clôture. Le roman graphique ci-dessous vous dit tout sur cet appel. Et si ça vous plait: imprimez et diffusez par chez vous (lien de téléchargement en fin d’article).

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Jour 10 : Entre commissaires enquêteur.ices et gendarmes : un apéro pas public à Bure

8h30 à Bure. La porte d’entrée de la Maison de Résistance s’entrebâille. Une âme, ou peut-être deux, semble être sur sur le point de mettre un pied dehors. « Enfin quelqu’un ! » peut-on lire dans les yeux brillants des 6 gendarmes plantés comme des piquets devant le QG insurrectionnel. La routine commence à se faire ressentir chez les gendarmes de l’enquête publique. Ils sont là, seuls dans le silence du village, à attendre qu’il se passe quelque chose, un événement, n’importe quoi qui puisse rompre leur ennui. Mais il ne se passe absolument rien. Alors un des leurs se lance et prononce un « Bonjour », comme ça. Un autre demande s’ils peuvent avoir du café, là aussi sans attendre aucun retour. Le dernier lâche qu’ils sont là depuis 6h30. A cet instant, ce qui compte pour eux, c’est d’apercevoir quelqu’un.e qui, par sa simple présence, les aide à trouver une raison d’être ici.

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Jour 8 : Mandres-en-Barrois a déjà dit NON !

Ce matin est un rendez-vous Ni DUP Ni DAC très symbolique. On est à Mandres-en-Barrois, commune meusienne de 120 habitant.e.s, très stratégique pour le projet de mégapoubelle atomique. C’est le conseil municipal de ce village qui accepta l’acte d’échange entre le Bois Lejuc (alors son bois communal) et le Bois de la Caisse, enflammant la colère des opposant.e.s à l’Andra et amplifiant la mobilisation de l’occupation du bois sacrifié.

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