PRISE DE PAROLES – Clôture de l’enquête publique à Montiers-sur-Saulx

Le 15 septembre 2021 nous vous avions donné rendez-vous pour
dénoncer la mascarade qui commençait à Montiers-sur-Saulx : le
début de l’enquête sur la demande d’utilité publique de l’Andra pour
le projet Cigéo à Bure ! C’est aussi à Montiers-sur-Saulx qu’elle prend
fin aujourd’hui.
Si nous sommes présents et présentes à nouveau, ce n’est pas pour
donner une fois de plus notre avis sur le projet Cigéo. Notre avis il est
connu, nos arguments sont connus. Nous faisons de l’information en
continu et nous continuerons à en faire.
Mais aujourd’hui, la seule chose que l’on a à dire aux commissaires
enquêteurs, à l’Andra, et à l’Etat, c’est que notre territoire vaut mieux
que Cigéo et que nous ne le céderons pas à l’industrie nucléaire.
C’est pourquoi nous vous avons proposé d’amener avec vous des
symboles représentatifs de notre territoire et son patrimoine, vierges
de toute contamination ou pollution nucléaire. Nous demandons aux
commissaires enquêteurs d’enregistrer toutes ces contributions
symboliques dans leurs registres afin qu’elles soit bien consignées dans
leurs dossiers que nous ne laisserons pas notre territoire, notre
patrimoine et nos lieux de vie détruits par Cigéo : ET CE SERA NOTRE
SEULE PARTICIPATION A CETTE ENQUETE PUBLIQUE.

Depuis plusieurs semaines, nous alertons sur ce qui se joue à travers
elle. Nous avons expliqué sans relâche pourquoi elle était bidon,
pourquoi nous n’en voulions pas, parce qu’elle se situait dans la
lignée de toutes les concertations, consultations, ou débats qui ont
été organisés depuis presque trois décennies et qui n’ont jamais
permis de remettre en cause le projet.
Toute cette accumulation de procédures, cet enchevêtrement de
processus faussement participatifs, risque surtout de noyer notre
contestation en nous donnant l’impression d’agir. Nous ne pouvions
pas encourager à y participer : ce serait donner un faux espoir, celui
de faire croire que notre expression est entendue et écoutée ! CE
N’EST PAS LE CAS.

Il faut bien comprendre que cette enquête publique n’est pas une
faveur qui nous est faite : elle profite uniquement à l’Andra ! Il s’agit
d’une obligation réglementaire, elle y est contrainte ! Elle n’est pas
décisionnelle : peu importe la qualité et l’ampleur des contributions,
le résultat est connu par avance.
La filière nucléaire est dans une sérieuse impasse avec les quantités
colossales de déchets radioactifs qui s’accumulent sans solution ni
exutoire.
L’Autorité de sûreté nucléaire a récemment tiré la sonnette d’alarme :
les piscines débordent de combustibles usés, les sites de stockage
sont en voie de saturation.
Il va falloir aller plus vite et Cigéo serait la seule porte de sortie
envisagée par l’Etat malgré l’impossible démonstration de sûreté et
tant pis s’il faut passer en force.

Nous avions demandé un gel du processus d’utilité publique au
Ministère de la Transition Ecologique au regard de l’ampleur des
incertitudes et des doutes sérieux au niveau de la sûreté, de l’avenir
du territoire, des menaces environnementales et sanitaires.
Cette demande avait été balayée : il fallait absolument que l’enquête
publique puisse se tenir !
Il n’y a pas besoin de lire entre les lignes pour comprendre qu’il y a
urgence à déclarer le projet d’utilité publique, si possible avant les
élections présidentielles. Le promulguer avant la période électorale
permet de lui éviter un statu quo pendant plusieurs mois.
L’ANDRA N’A PLUS LE TEMPS.
C’est pourquoi nous essayons de lui en faire perdre : en perturbant
son processus et son calendrier, en le freinant sur le plan juridique, en
communiquant sur ses tares un maximum.
CAR NOUS NE SOMMES NI DUP NI DAC.


NI DUP, parce que nous savons ce qui se cache derrière. Dans le
jargon de l’Andra, l’utilité publique permet d’acquérir la maîtrise
foncière qui lui manque et de rendre compatibles les documents
d’urbanisme locaux avec le projet.
MAIS CONCRETEMENT l’utilité publique du projet Cigéo, ce serait :
– des expropriations de maisons comme de terrains communaux !
– des terres agricoles sacrifiées, le saccage de centaines d’hectares de
forêts !
– le déclenchement d’une série d’autorisations administratives,
d’urbanisme, pour commencer les travaux dits « connexes » à Cigéo : la
construction du méga-transformateur de RTE, l’adduction en eau du
site, la réhabilitation de 36 kilomètres de voie ferrée entre Nançois et
Gondrecourt, la réfection des routes, etc.
Tous ces travaux sont pour l’Andra des « opérations d’aménagement
préalables ». Il faut entendre par préalable « avant l’autorisation du
projet » !
Des travaux qui se chiffreraient pourtant à des millions d’euros (le
seul coût de la voie ferrée monte à 120 millions d’euros !), qui
apporteraient avec eux un cocktail de nuisances pour rendre le
territoire compatible avec le plus gros chantier industriel européen car
oui, c’est bien de cela que l’on parle.
CIGEO EST LE PLUS GROS PROJET INDUSTRIEL EUROPEEN, en termes
de toxicité, de longévité et de coût !


L’Andra répète que l’utilité publique du projet ne préjuge pas de son
autorisation. Mais que se passera-t-il une fois que tous les
raccordements, en eau, en électricité, en dessertes routières et
ferroviaires seront réalisés ? Non, décidément, nous ne sommes pas
DUP ! Cette enquête publique est là pour précipiter le décret d’utilité
publique et pour dérouler le tapis rouge à ces travaux colossaux !
Après ce décret, c’est aussi une Opération d’Intérêt National qui se
profile pour donner à Cigéo un statut particulier.
En effet, l’Etat pourrait délivrer des autorisations de construire en lieu
et place des élu-es sur 3700 hectares ! Les élus locaux perdraient
leurs compétences en matière d’urbanisme et l’Etat pourrait
s’affranchir de réglementations environnementales et de la taxe
d’aménagement.
QUI a entendu parler de cette Opération d’intérêt national, noyée in
extremis parmi les 6000 pages du dossier d’enquête publique ?
PERSONNE !
C’est une mauvaise pièce qui se joue sous nos yeux, nous assistons à
un véritable double jeu : tandis que le gouvernement nous occupe à regarder ailleurs avec ces milliers de pages, cette procédure parallèle lui permettrait justement
de se passer de nous et des collectivités pour prendre des décisions
concernant l’aménagement de NOTRE territoire !


Nous ne sommes pas DAC non plus. Nous ne voulons pas de
l’Autorisation de Création.
Au début de l’année, l’Autorité Environnementale a rendu un avis
extrêmement critique à l’encontre de Cigéo.
Malgré une grossière tentative de déminage par l’Andra et des coups
de pression à l’encontre des élu⋅es du territoire, des nombreuses
collectivités ont rendu à leurs tours des contributions laissant
percevoir leurs craintes, leurs doutes, voire leur refus.
Dans son mémoire en réponse, l’Andra, loin de rassurer, continue à
botter en touche : toutes les réponses aux questions majeures,
relatives à la sûreté de l’installation, la réversibilité, l’avenir du
territoire, les impacts sur la biodiversité, les zones humides, sur l’eau
sont reportées à PLUS TARD.
L’Andra, se cache derrière ce qu’elle appelle un « processus itératif »,
« progressif ». Elle y répondra dans des « dossiers ultérieurs »,
comprendre au stade de la demande d’autorisation de création ou
pire, lors de la phase-pilote, donc après autorisation !

Bref, elle joue des mots, fait évoluer son vocabulaire pour mieux
cacher ses faiblesses.
Peut-on se contenter au stade d’utilité publique d’un dossier aussi
incomplet, approximatif, évasif ?
S’il n’y a pas de réponse à ces enjeux, cela ne veut-il pas dire qu’il n’y
en aura jamais, qu’il ne peut pas y en avoir ?
Comment un projet aussi dangereux qu’incertain, un effrayant pari
sur l’avenir, pourrait être déclaré d’utilité publique ?

ALORS PLUTOT QU’UNE DEMANDE D’UTILITE PUBLIQUE, NE S’AGIRAIT
IL PAS D’UNE DEMANDE D’UTILITE POLITIQUE ?


DE LA MEME MANIERE QUE NOTRE COLERE N’EST PAS REVERSIBLE,
NOS INQUIETUDES NE SONT PAS REPORTABLES ET NOTRE REFUS EST
DEFINITIF.
Si l’enquête publique s’achève aujourd’hui, le processus d’utilité
publique continue. Nous réfléchissons déjà au coup d’après et ne
laisserons aucun répit à Cigéo.
NI UNE NI DEUX, NI DUP, NI DAC, ON ATTAQUE !
Il est d’ores et déjà certain que nous attaquerons le décret d’utilité
publique et celui d’opération d’intérêt national s’ils étaient signés et
nous faisons la double promesse que le gouvernement sera empêtré
dans des procédures juridiques pendant de longues années et que
cette bagarre devant les tribunaux se poursuivra sur le terrain car
nous ne laisserons pas les bulldozers détruire notre territoire.
Habitantes et habitants, élu-es, agriculteurs, paysans, vous toutes et
tous qui vivez ici ou pour qui il fait sens d’être là, ne lâchez pas, il
n’est pas trop tard, l’Andra est aux aboies même si elle ne le paraît ou
ne l’avoue pas !